Ce mois-ci, je n’ai pas eu la fève une seule fois (c’est un scandale!), mais en termes de quantité de lectures ingurgitées, je reste la reine. La preuve:
Les Survivants d’Alixe
Mise à part celle du talentueux Chris Bellabas que je vous invite à découvrir, les fanfic, c’est pas mon truc. Mais comme j’ai une réputation de Potterhead à tenir, découvrir celle qui a le plus la côte auprès des fans de Harry Potter était un passage obligé. On ne va pas se mentir: retrouver l’univers et les personnages tels qu’on les a connus, ça fait chaud au cœur comme quand on serre son doudou de quand on était petit. Les détails du quotidien magique pullulent, c’est bien écrit même si le style n’est pas magique (humour, hu, hu). C’est fort plaisant mais je regrette le manque de piment et d’action. Pas de quête, pas d’enquête: juste la petite vie quotidienne de nos héros. Et des coquilles à la pelle qui m’ont un peu gâché la lecture (déformation professionnelle) mais dans l’ensemble, All was well.
Meuh! de François Morel
La métamorphose de kafka version « le bonheur est dans le pré ». L’intérêt de ce livre ne réside pas tant dans l’histoire (un ado qui se transforme en vache…et qui s’y fait) que dans l’écriture, avec des phrases qui font mouche (mais qu’on ne chasse pas avec la queue), un humour à la Deschiens et des réflexions pas bêtes du tout. J’ai aussi apprécié les jolis dessins qui parsèment le récit.
Un cœur simple de Gustave Flaubert
Flaubert, je le connais plus par sa moustache que par ses écrits. Une lacune que je voulais combler, même si je fais toujours grand cas des auteurs classiques et que j’y plonge à reculons (souvent pour mon plus grand bonheur, ceci dit). Ce conte riquiqui est parfait pour y tremper son petit orteil et découvrir le style de l’auteur. Une jolie petite histoire douce-amère largement inspirée de la propre vie de l’auteur, mettant en scène de sa belle écriture une servante et son trop-plein d’amour. Je compte bien m’attaquer rapidement à des œuvres plus conséquentes de ce monsieur.
Thérèse Desqueyroux de François Mauriac
Thérèse, ce prénom que je commence à croire prédestiné, ce livre me rappelant étrangement une autre folle homicide: Thérèse Raquin. Sauf que la Desqueyroux a raté son coup. Le livre démarre sur les marches du palais de justice, où elle sort libre après que son mari (qui a donc échappé à la tentative d’assassinat perpétrée par sa femme) a témoigné pour elle (pour les convenances, devrais-je dire). Il s’agit d’un long monologue intérieur d’une femme trop à l’étroit dans le carcan d’un statut social (« épouse de ») qu’on lui impose et qui « implose », en quelque sorte. C’est surprenant qu’un homme ait su mettre en mots un tel ressenti.
Watership Down de Richard Adams
D’habitude, les histoires d’animaux, j’aime bien. C’est mon p’tit côté Bardot (mon préféré: les fourmis de Werber). Mais là, je pense être la seule humaine à ne pas encenser ce livre (pardon, le monde). J’ai eu beaucoup de mal à terminer ce récit sur des lapins anthropomorphisés en exil qui curieusement n’ont pas éveillé l’empathie. Le beau phrasé et l’histoire originale m’ont aidée à aller au bout, mais la cynique en moi ne pouvait pas s’empêcher de visualiser des boules de poils sautillant dans la plaine, image qui faisait de suite retomber à plat l’intensité dramatique du récit. Mon conseil si vous avez du mal: se forcer à arriver à la seconde partie, ensuite c’est un peu plus rythmé.
Les âmes fortes de Jean Giono
Ca démarre sur des commérages de vieilles femmes lors d’une veillée funèbre et très vite, le tourbillon narratif s’enclenche: la doyenne Thérèse (encore) prend la parole et relate sa vie. Au fil des pages, on revit par différents regards la vie de Thérèse, distordant toujours plus le propos afin de perdre volontairement le lecteur qui ne saurait distinguer la vérité du mensonge. Un rien décousu, mais ça m’a beaucoup plu.
Funèbre! Tour du monde des rites qui mènent vers l’autre monde de Juliette Cazes
On reste dans le thème joyeux des funérailles avec cette non-fiction (parce que j’aime mettre la bonne ambiance). Pour qui doute encore que la mort ne se vit pas partout pareil, cet ouvrage est parfait. De même que pour les thrillers et autres romans policiers que je lis, j’ai envie de crier « Plus de morts! Plus de cadavres! » tant je suis frustrée que ce livre si intéressant ne présente qu’une (trop!) courte sélection de rituels mortuaires en divers endroits du globe (ceci est un compliment déguisé). Unique bémol: la ponctuation. Les virgules mal placées vont me tuer (et alors je serai momifiée à Palerme, protégée des pilleurs de cadavres par une cage en Ecosse, et les Roumains m’offriront un bon gueuleton symbolique chaque année). Je précise que la dame à un blog ici.
Le fabuleux destin d’une vache qui ne voulait pas finir en steak haché de David Safier
De deux choses l’une: soit à la base il y avait un auteur pauvrement inspiré qui a voulu ajouter sa pierre à l’édifice des grands combats sociétaux et qui, sous couvert d’humour bien lourd, dessert complètement sa cause; soit l’auteur voulait simplement faire de l’humour en torpillant à l’aide de ficelles aussi grosses que ma cuisse des questions de société somme toute importantes. Je n’ai toujours pas décidé, mais ça ne change rien au fait que ces 250 pages grossières et caricaturales ne présentent aucun intérêt. Le genre d’ouvrage qui emploie le terme « flatulence » pour faire intelligent, sans que cela ne cache le fait qu’on parle de prout.
Wilt de Tom sharpe
Du 100% british: un petit texte bien sous tout rapport, comme le héros de l’histoire…que l’on découvre foldingue au fil des pages. L’histoire d’un enseignant miteux coincé dans sa petite vie décevante qui n’a rien trouvé de mieux comme catharsis que de s’entraîner au meurtre de sa femme en utilisant une poupée gonflable et qui se retrouve inculpé à tort pour l’assassinat de sa véritable épouse. Le genre de casserole qui n’arriverait qu’à Mister Bean. C’est sympatoche à lire, de temps en temps on a le coin de lèvre qui tremblote mais ça ne se transforme jamais en gros éclat de rire. Ca rappelle un David Lodge, la sophistication en moins.Je n’ai rien contre ce livre, mais je n’ai pas non plus beaucoup de pour: je m’en tiendrai donc au tome 1 de cette série de 4 livres.
Géopolitique du moustique d’Erik Orsenna (bzzzzzz)
Je suis faible, le marketing fonctionne toujours avec moi. Pas étonnant que ce précis de vulgarisation au titre accrocheur m’ait attirée. Et bien m’en a pris: c’est du petit lait. Organisé en trois parties, comme une dissert’ de philo au bac, ça fourmille d’informations croustillantes, et c’est pas piqué des vers. Orsenna prend l’ennemi numéro 1 de l’humanité, l’empêcheur de dormir en rond, comme point de départ d’un fil conducteur qui nous amène à côtoyer petites bêtes volantes, grimpantes, trainantes jusqu’aux microbes et autres virus qu’elles transportent avant d’élargir sur la situation sanitaire mondiale. Phobiques des bestioles et hypocondriaques, s’abstenir! Pris au hasard, j’ai découvert qu’il s’agit du 4e opus d’un projet de « petit précis de mondialisation » que je compte lire en entier, un jour plus ou moins lointain.
L’annulaire de Yoko Ogawa
Elle m’a bien eue, Yoko Ogawa: j’étais restée sur la douce délicatesse de La formule préférée du professeur et je tombe sur un scientifique qui n’a rien pour inspirer confiance. Ceci étant, ça reste une pépite, pour qui aime les atmosphères énigmatiques. Sorte de huis-clos malaisant se déroulant au sein d’un laboratoire qui transforme des morceaux de passé en spécimens. D’un côté, le « taxidermiste du souvenir » (croisement entre un savant fou et un pervers fétichiste, mais tout en évocations, à la nippone, sans jamais tomber dans la description crue), de l’autre la jeune proie diaphane à l’annulaire amputé, quasi envoûtée. Original, trouble. J’aime les vies que Yoko Ogawa dépeint avec une overdose de détails qui semblent insignifiants mais qui rendent hors normes le quotidien de monsieur et madame Tout-le-monde.
Prodigieuses créatures de Tracy Chevalier
Roman biographique d’une amitié singulière et tumultueuse entre les deux femmes qui sont considérées comme les pionnières de la paléontologie: Mary Anning, qui a mis au jour les premiers spécimens de dinosaures fossilisés, aidée par Elizabeth Philpot, connue pour son extraordinaire collection de poissons fossilisés. La lecture est agréable, le fil se déroule bien; les chapitres alternent les points de vue des deux protagonistes et le rythme qui peut sembler monotone fait écho au quotidien des deux femmes qui traquent inlassablement, durant des mois voire des années, les mêmes lieux en quête d’un nouveau spécimen. Les rebondissements, principalement dus aux bâtons que la société patriarcale de l’époque leur a mis dans les roues et au poids de la religion qui freinait la science, apportent du relief à l’ensemble. Un « deux en un » fort intéressant qui se lit comme un roman tout en fournissant des infos avérées pour briller en société.
La fée carabine de Daniel Pennac (relecture)
Une histoire de p’tits vieux: des papys qui se laissent avoir par la fée héroïne pour alléger la tristesse de leur vieillesse solitaire, et des mamies qui se la jouent Chuck Norris pour se défendre contre un égorgeur de vieilles dames. Ce petit monde protégé par des policiers tous plus ripoux les uns que les autres. Tout cela serait bien glauque s’il n’y avait la tribu Malaussène pour insuffler une douce dinguerie et un peu d’optimisme à l’ensemble. Et toujours ce phrasé inimitable de Pennac. Que j’aime cette saga!
Les rois d’Islande d’Einar Már Guðmundsson
Premier contact avec la littérature du pays des noms imprononçables. Pseudo saga familiale dont l’arbre généalogique incompréhensible n’est qu’une des facéties volontaires de l’auteur (un p’tit rigolo, celui-là), un peu comme sa narration pour le moins décousue (et recousue n’importe comment. Imaginez un spaghetti trop cuit au fond d’une assiette: un fil conducteur qui fait plein de boucles sur lui-même, c’est ça, l’écriture de Guðmundsson) Il y a absolument zéro intrigue, on passe d’un personnage à l’autre quasi sans transition, et pourtant ça fonctionne. On arrive même à en dégager une vision assez caustique de la société islandaise et de son histoire. C’est rafraîchissant comme une plongée dans les fjords un matin d’hiver.
Les filles du Nightingale de Donna Douglas
Je m’attendais à un bon petit roman très axé sur les conditions de travail des infirmières dans le Londres des années 1930 et je me suis retrouvée avec un récit sur les premières amours des étudiantes infirmières. Et curieusement, je me suis prise au jeu. L’aspect formation/environnement social de l’époque n’est pas totalement gommé, ce qui évite l’effet eau-de-rose que je déteste, et je me suis pris d’affection pour ces jeunes filles. Par contre, ça a été traduit avec les pieds: si un jour me prend l’envie de lire le tome 2, ce sera en VO!
Les enfants verts d’Olga Tokarczuk
Ouaip, je lis du prix Nobel de la littérature polonaise, moi. Si vous avez 2-3 heures à tuer, jetez-vous sur ce tout petit récit! C’est comme un joli conte tout doux, mais pas aussi simpliste que sa longueur ne le laisse présager car il se lit à différents degrés de lecture: le basique, sous la forme de mémoires d’un médecin du 17e siècle, et le philosophique qui aborde le rapport à l’Autre. Outre le plaisir de la lecture, ma culture G a apprécié, entre un rappel succinct de l’histoire de la Pologne à cette époque et la découverte (mais peut-être suis-je la seule inculte, vous me direz) de la plica polonica, une maladie touchant le système capillaire.
Les tribulations d’un Chinois en Chine de Jules Verne
Après Le tour du monde en 80 jours, voilà « Le tour de Chine en 2 mois ». C’est d’autant plus vrai que les deux se trouvent dans la même veine: de l’action, des rebondissements, et aucun listing encyclopédique qui m’avait tant rebutée dans 20 000 lieues sous les mers. Tout du long je me suis dit que l’histoire ferait un super scenario de film, jusqu’à ce que je découvre qu’il en existe bien un avec Belmondo dans le rôle titre (je ne suis pas cinéphile pour deux sous). Un vraiment bon moment passé avec ce Chinois qui tente d’échapper à son propre assassinat fomenté par…lui-même! De quoi m’encourager dans la découverte des classiques (poke au challenge de Petiteplume à qui je pique éhontément pas mal d’idées lectures 😉 )
That’s all Folks!
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