Faire semblant de connaître ses classiques devant la dinde familiale de noël

Ceci s’adresse à toi, qui attends frénétiquement la dinde aux marrons de mamie, le déballage des cadeaux au son des chants de noël et la bûche trois chocolats, mais dont le plaisir est gâché à l’idée que va forcément arriver le moment du repas où tata Gilberte (ancienne bibliothécaire) et papy René (qui a publié un livre sur l’histoire de son village natal en 81) vont faire porter la conversation sur la Littérature (avec un grand L, celle qui s’est arrêtée en 1901).

Traumatisé.e des fiches de lectures scolaires, tu n’as jamais lu La princesse de Clèves ? La longueur des bouquins de Proust te rebute ? Tout ce que tu sais de Victor Hugo c’est qu’il parle d’un misérable bossu ? Pas de panique, pour en remontrer à tata et papy, ces quelques trucs et astuces te sauveront l’honneur :

Astuce 1 : ne lire que la préface.

Le piège du néophyte : confondre préface et avant-propos. Si l’avant-propos est utile à replacer le lecteur dans le contexte de l’histoire qu’il s’apprête à lire, la préface est un divulgâââchage qui ne dit pas son nom. Rédigée par une tierce personne, elle analyse en profondeur, à coups de citations et d’extraits, l’œuvre qui n’a pas encore été lue. Le meilleur moyen de connaître le début, le milieu et la fin d’un roman sans même avoir atteint le chapitre I.

Astuce 2 : lire des résumés.

Certaines bonnes âmes sensibles à cette détresse ont également eu l’idée de proposer des résumés (souvent illustrés) des grandes œuvres. Ainsi, pour qui veut réviser son Molière, Le Grand Molière Illustré de Caroline Guillot vous tend les bras. Pour qui veut savoir en substance ce dont parlent les romans les plus célèbres, la série des Avez-vous lu les grands classiques ? de Soledad Bravi est faite pour vous.

Astuce 3 : laisser traîner ses oreilles et ses yeux.

Il en est ainsi : certaines œuvres sont marquées du sceau de la divulgation. Considérées par les snobs de la Littérâtûre comme des classiques que tout le monde a dû lire dès sa première année de vie, ces mêmes snobs ne se privent pas de dévoiler l’ensemble d’un roman sans jamais penser que dans leur public, certaines personnes aimeraient encore découvrir l’œuvre par elles-mêmes. Roméo et Juliette, Les Misérables, Les Trois Mousquetaires ou Don Quichotte, tous font partie de cette connaissance partagée dont bien peu de lecteurs ont tourné les pages.

Astuce 4 : lire dans un format plus accessible.

On a sa fierté, par « format accessible » je n’entends pas les versions abrégées et expurgées adaptées aux préados. Il existe un format qui permet d’apprécier aisément une œuvre dans son intégralité : la bande dessinée. Phénomène qui prend de l’ampleur, l’adaptation des grands classiques en bande dessinée est en train d’acquérir ses lettres de noblesse (même Le Monde a publié une collection). Rapidement lue, plus visuelle que 12 pages de descriptions, la bande dessinée a de quoi réconcilier les moins férus avec la lecture.

Devrais-je me sentir honteuse d’encourager, en un sens, ces lectures détournées alors que ma propre vie tourne autour des livres ? non. J’aime l’idée que la littérature rayonne, que le plus grand nombre (y compris ceux qui n’en ont jamais eu le goût) puisse toucher du doigt les ouvrages qui ont fait la renommée de la littérature et, pourquoi pas, leur donner envie de sauter le pas et découvrir l’œuvre originale. Tout ce qui encourage la lecture est bon à prendre (et si ça permet de moucher tata Gilberte qui croit qu’un fan de Harry Potter ne saurait apprécier du Zola, c’est encore mieux !)

Joyeuses fêtes à tous et toutes et à l’année prochaine !

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